Avant, je lisais. Tout simplement. Au moment de la rentrée littéraire, je lisais les critiques qui me faisaient envie et que je me dépêchais d’oublier. Quelques livres m’étaient prêtés, offerts. Les bibliothèques de toutes les villes où j’ai vécu ont toujours été mon premier lieu de repère dans ces nouveaux environnements. J’allais fréquemment me promener en librairie et me laissait parfois tenter par un auteur, un titre, un coup de cœur de libraire. Je relisais. Bonheur simple.
J’étais organisée. Le livre du moment et sa tripotée de marque-pages, une pile à lire vite, une pile à lire bientôt, une pile à rendre à la bibliothèque, une pile à rendre à tel ou telle, une pile à ranger. J’en surveillais la hauteur pour ne pas m’angoisser à l’idée de manquer de provision ce qui aurait risqué de provoquer une consommation accrue de chocolat pour compenser.
Et un jour funeste pour ma tranquillité, je suis devenue blogueuse. Quelle idée! J’ai commencé à lire d’autres blogues (je préfère l’orthographe de nos amis québécois), j’ai des aminautes. J’acquiers un nouveau vocabulaire. J’ai découvert que mon organisation de lectrice était couramment nommée PAL, soit « pile à lire ». Mais surtout, j’ai maille à partir avec mes LAL. Soit mes « listes à lire ». Palsembleu !
Ma tranquillité d’esprit a volé en éclats. Je suis perdue. Tous ces livres passionnants que mes aminautes me recommandent me font saliver. Mais je ne peux pas tous les acheter. Je ne veux pas les manquer, ils ont l’air si bien ! Donc je les note pour plus tard, pour quand je serai riche, pour quand j’aurai le temps, pour quand j’aurai fini ma PAL, pour le jour où je voudrai me faire plaisir. Je les transforme en LAL.
J’ai tout essayé. Je les copie sur des post-it, un cahier, un carnet, sur mon ordinateur, sur des feuilles. Il y en a une par aminaute, une par genre, une par mois. Je les oublie. Je les recopie. Je les collectionne. Je les empile. Je les perds. Je devrais être riche de mes LAL mais elles m’obsèdent. J’ai peur de les perdre, de ne pas savoir en tirer profit, de les laisser péricliter, je les compte, je les relis. Je ne sais plus comment choisir dans ces LAL, comment sacrifier celui-ci à celui-là.
Lal? L’enfer... Lol !