Après toute une série de livres certes agréables mais qui ne me laissent que peu de souvenirs, j'ai envie d'un vrai bon livre,
d'un livre dont on se souvient,
d'un livre qui raconte une histoire,
d'un auteur dont on relit les phrases pour le plaisir d'en faire rouler les sonorités,
de sentiments, d'émotions, d'amour, de jalousie, d'amitié, d'espoir, de lâcheté, de désespoir, de courage, de résistance, d'optimisme, de bienveillance,
d'imagination,
de folie.
J'attrape un roman de Romain Gary, moins connu que Les racines du ciel ou La promesse de l'aube. (J'aime tellement ces deux romans, aux titres magnifiques, ils m'émeuvent tellement lorsque je les relis qu'ils m'intimident un peu... je dois choisir le moment approprié pour me les approprier et ce n'est pas le moment). Je choisis donc un autre de mes livres préférés de Gary, son dernier, livre que j'ai déjà lu et relu!
Je relis Les cerfs-volants, ...
...et je sais pourquoi j'aime tant lire!
P 148 Je passais mes dernières heures avec Lila. Le bonheur avait une présence presque audible, comme si l'ouïe, rompant avec les superficies sonores, pénétrait enfin aux profondeurs du silence, cachées jusque-là par la solitude.
Nos instants de sommeil avaient cette tiédeur où l'on ne sait ce qui est rêveries et ce qui est corps, ce qui est nid et ce qui est ailes. Je sens encore sur ma poitrine son profil dont l'empreinte est sans doute invisible mais que mes doigts retrouvent fidèlement aux heures lourdes de ce malentendu physique qui n'a qu'un seul corps.
p 181 Je ne savais pas encore que d'autres Français commençaient à vivre comme moi de mémoire, et que ce qui n'était pas là et semblait avoir disparu à tout jamais pouvait demeurer vivant et présent avec tant de force.
p 240 La France, quand elle reviendra, aura besoin non seulement de toute notre imagination mais encore de beaucoup d'imaginaire.
p 241 Rien ne vaut la peine d'être vécu qui n'est pas d'abord une oeuvre d'imagination , ou alors la mer ne serait plus que de l'eau salée...
p 367 L'espoir est une frayeur.