JC Lattès, août 2011
Lauréate Prix du roman Fnac 2011.
Lauréate Prix roman France télévision 2011
Deuxième sélection prix Goncourt et Fémina 2011
Première sélection prix Renaudot et Médicis 2011.
Prix des lecteurs des Ecrivains du Sud 2012. Sélection.
Septembre: la saison des prix est lancée et le 31 août le prix du roman Fnac ouvre la danse. Le 10ème prix du roman FNAC est attribué à Delphine de Vigan pour son livre sensible et émouvant sur sa mère et sa famille "joyeuse et dévastée". Et puis, comme des dizaines d'auteurs avant moi, j'ai essayé d'écrire sur ma mère.
Il fait partie des livres que j'attendais. Je ne me presse pas de le finir: c'est un beau livre, très personnel, un livre coup de poing. Elle raconte la vie de sa mère, jusqu'à son suicide. ( ): "Elle a choisi de s'endormir" (pourtant j'ai lu Françoise Dolto). Quelques semaines plus tard, mon fils me rappelait à l'ordre: un chat s'appelait un chat. Grand-mère s'était suicidée, oui, foutue en l'air, elle avait baissé le rideau, déclaré forfait, lâché l'affaire, elle avait dit stop, basta, terminado, et elle avait de bonnes raisons d'en arriver là.
Elle raconte également la vie de sa famille depuis ses grands-parents, jusqu'à sa soeur et elle, grande famille d'apparence joyeuse et révèle peu à peu les fissures, les violences morales et physiques, les morts, qui conduisent sa mère à la folie et au suicide. La douleur de Lucile a fait partie de notre enfance et plus tard de notre vie d'adulte, la douleur de Lucile est sans doute ce qui nous constitue, ma soeur et moi.
Elle raconte car dans une famille tout se sait inconsciemment et en parlant, elle brise le cercle néfaste . J'ignore au fond quel est le sens de cette recherche, ce qui restera de ces heures passées à fouiller dans les cartons. ( ) J'ignore à quoi c'est dû.
D'une manière très personnelle, elle entrecroise son récit de passages où elle relate ses difficultés à l'écrire, ses recherches auprès des membres de sa famille. Elle montre le prix qu'elle doit payer pour l'écrire. Elle transforme ce récit en véritable enquête. Alors, j'ai demandé à ses frères et soeurs de me parler d'elle, de me raconter. Je les ai enregistrés, eux et d'autres, qui avaient connu Lucile et la famille joyeuse et dévastée qui est la nôtre. J'ai stocké des heures de paroles numériques sur mon ordinateur, des heures chargées de souvenirs, de silences, de larmes et de soupirs, de rires et de confidences.
Le style est fluide, beau, particulièrement émouvant, percutant. Son écriture si particulière donne un livre qui nous habite longtemps. Et puis, j'ai appris à penser à Lucile sans que mon souffle en soit coupé: sa manière de marcher, le haut du corps penché en avant, son sac tenu en bandoulière et plaqué sur la hanche, sa manière de tenir sa cigarette, écrasée entre ses doigts, de foncer tête baissée dans le wagon du métro, le tremblement de ses mains, la précision de son vocabulaire, son rire bref, qui semblait l'étonner elle-même, les variations de sa voix sous l'emprise d'une émotion dont son visage ne portait aucune trace.
J'ai pensé que je ne devais rien oublier de son humour à froid, fantasmatique, et de sa singulière aptitude à la fantaisie.
C'est un livre étrange: il est inspiré de la vie réelle d'une famille et pourtant les acteurs semblent être des personnages. Je crois que Delphine de Vigan a choisi ce qu'elle raconte, qu'elle ne raconte pas tout, qu'il y a des trous dans son récit. Par exemple, je n'ai pas compris comment son grand-père , après avoir été présenté comme un homme formidable, se retrouve soudain dans la peau d'un monstre. Cette dualité m'a dérangée.
C'est un livre étrange: il est inspiré de la vie d'une famille toxique, et pourtant il parle à chacun de nous. Le talent de Delphine de Vigan nous implique dans son combat pour venir à bout de cette épreuve qu'elle s'impose, écrire sur sa famille, et dans son autre combat, survivre dans ces souffrances familiales.
Le très beau titre est tiré d'une chanson de Bashung : "Osez Joséphine", un artiste dont elle dit écouter les chansons en boucle, et s'est imposé à elle.
La photo de couverture représente sa mère: photo magnifique, couverture très marquante.
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Bibliographie:
Jours sans faim , 2001.
Les jolis garçons, 2005.
Un soir de décembre, 2005.
No et moi, 2007. (400 000 exemplaires vendus) Prix des libraires 2008.
Les heures souterraines, 2009. (100 000 exemplaires vendus en édition première) Prix du roman d'entreprise 2009.
Rien ne s'oppose à la nuit, 210 000 exemplaires depuis le 17 août, en 3ième place de la vente des romans.
Ces chiffres sont extraits de Livres Hebdo au 3 novembre 2011.