Gallimard. Août 2011.
1ière sélection Fémina 2011. 2ème sélection prix Goncourt 2011
Après le grand succès populaire de La délicatesse (2009), en tête du palmarès des ventes encore aujourd'hui, et en attendant le film en décembre, Foenkinos revient avec un roman sensible, tendre et délicat sur les souvenirs, les gais et les tristes, les siens mais pas seulement, ce qui en fait tout le sel!
Le décès de son grand-père, suivi du placement de sa grand-mère en maison de retraite lui donnent l'occasion d'évoquer la vieillesse, le quotidien, les relations familiales, l'amour naissant.
"Je voulais dire à mon grand-père que je l'aimais, mais je n'y suis pas parvenu. J'ai si souvent été en retard sur les mots que j'aurais voulu dire. Je ne pourrai jamais faire marche arrière vers cette tendresse. Sauf peut-être avec l'écrit, maintenant. Je peux le lui dire, là."
Si Foenkinos reprend son thème favori, l'amour, il l'élargit à l'amour familial. La complicité entre la grand-mère et le petit-fils à la recherche des moments de bonheur et de beauté est touchante.
Je partageais cette obsession avec ma grand-mère et ce dégoût commun nous poussait à rire. Les jours où je sentais qu'elle allait mal, où je respirais son malheur d'être là, je m'approchais d'elle pour chuchoter: "Tu veux qu'on aille voir la vache (1)? Ca te ferait du bien?" Et elle souriait. Finalement, celui qui avait décidé d'accrocher ce tableau était un brillant esprit. Il avait compris que la meilleure façon de se soulager de la laideur, c'est de l'accentuer. Cette vache, finalement, je ne voulais surtout pas qu'on nous l'enlève. Elle nous faisait un bien fou. Ma grand-mère, sensible à l'élégance et aux choses raffinées, était profondément esthète. C'est d'ailleurs sûrement elle qui m'a transmis cette forme de goût nécessaire à l'amour des mots. Elle me disait souvent:
"On devrait vieillir avec la beauté. Ou plutôt, on devrait se soulager de la vieillesse par la beauté.
(1) une croûte accrochée dans le couloir.
C'est simple, et l'écriture de Foenkinos donne toute sa profondeur à ces Souvenirs: il peut écrire sur des sujets émouvants et ne jamais tomber dans le pathos, son humour est toujours présent, ainsi que son talent pour les formules légères, délicates et percutantes.
Le narrateur semble bien proche de l'auteur, mais ce n'est pas un récit autobiographique. Il n'a jamais été veilleur de nuit , et de son propre aveu, n'a pas voulu écrire sur la vie de sa famille mais sur le devoir de mémoire. Le titre: Les souvenirs, s'est imposé à lui et c'est à partir de ce mot qu'il a bâti son récit.
Le roman est parsemé de souvenirs des différents protagonistes de l'histoire et de Patrick Modiano, Francis Scott Fitzgerald, un boxeur, Serge Gainsbourg, Yasunari Kawabata, un peintre, un policier, une coiffeuse, Nietzsche, saint Lazare, Claude Lelouch, Alois Alzheimer, Mastroianni, Van Gogh, et encore d'autres au fur et à mesure qu'ils sont évoqués dans le récit. C'est original et excellent.
Gallimard semble miser gros sur le talent plaisant de Foenkinos, écrivain favori des lectrices. Sur le site de la maison d'édition , on peut entendre Christian Gonon, Sociétaire de la Comédie-française lire un extrait, ou feuilleter les 12 premières pages.
Mais malheureusement, ce livre a un gros, un très gros défaut, irrémédiable, irréparable, définitif:
il est trop vite fini!
Quelques infos sur le film inspiré de la Délicatesse et ses 10 prix littéraires.
Une critique et un entretien avec Foenkinos aux Ecrivains du sud en 2009