Quelques bribes de l’entretien avec Blandine Le Callet aux Ecrivains du sud le 9 décembre 2010.
(retranscrites à partir de notes).
Deux impressions fortes à la suite de cet entretien :
Madame Le Callet est brillante, érudite et captivante.
C’est une auteure dont nous entendrons parler.
Cursus universitaire : normalienne, agrégée de lettres classiques, doctorat de philosophie ancienne, maintenant enseignante à l’université Paris 12 Val de Marne, spécialité latiniste.
L’antiquité possède une dimension romanesque et met en exergue la nature humaine et ses excès.
J’ai la vocation d’écrire. J’engrange des histoires avec toujours cette idée que cette matière me servira un jour. J’ai toujours écrit, des nouvelles, des romans mais je n’avais jamais cherché à être publiée. Mon mari m’a mise au défi de finir un roman avant mes 40 ans et j’ai réalisé que j’en parlais toujours sans me lancer. (Elle a 41 ans) C’est un palier de finir quelque chose et d’affronter un éditeur.
La nouvelle est un genre que j’apprécie particulièrement sur le plan intellectuel par sa concision. Par opposition, le roman est un genre plus ample et plus ambitieux, plus apte à entremêler le récit d’un personnage et la réflexion d’ordre général sur le devenir d’une société.
J’ai deux modèles : Les liaisons dangereuses de Laclos, et Flaubert pour sa diversité et spécialement Bouvard et Pécuchet.
Concernant La Ballade de Lila K, j’ai voulu maîtriser l’angoisse de l’enfant, du lecteur (devant la monstruosité de l’enfant), du personnage placé dans un monde contraint, et pour finir de nous réalisant que c’est notre monde.
J’ai utilisé 2 aiguilles à tricoter : le sujet et le monde et j’ai tricoté mon récit maille après maille.
Le sujet : comment on se reconstruit après un traumatisme. Je ne voulais pas une peinture sociologique. Une jeune femme raconte son histoire. « je ». Des hommes mystérieux l’ont arrachée à sa maman. Elle a subi de nombreux traumatismes et a perdu la mémoire. Son obsession est de retrouver sa mère, elle mène une véritable enquête policière pour la retrouver. Au fur et à mesure de sa reconstruction, elle déniche des indices pour poursuivre sa quête.
Le monde : se projeter dans un monde futur, avec enquête. La société futuriste est une projection de notre société contemporaine, avec des principes fondamentaux de sécurité, protection, hygiénisme, écologie dont l’ensemble est tout à la fois angoissant et attirant. Les revers en sont une surveillance constante et une abdication des citoyens de leur liberté et de leur libre-arbitre.
J’écris dans la tension d’une recherche de maîtrise, mais malgré cela, j’en ai dit plus que je n’imaginais. Il y a beaucoup d’autobiographie, sûrement des actes manqués.
Par exemple, dans le titre :
Ballade Lila K
Blandine le Callet
Ou dans le fait que ses parents n’ont pas pu ou pas voulu se retrouver.
Je laisse une part active au lecteur car tous les personnages gardent des zones d’ombre. La fin, notamment, est totalement ouverte, il reste un ensemble de possibilités, tout est plausible. Le roman exige cet effort de construction, cette once de mystère à combler avec sa propre activité. L’auteur doit laisser des blancs pour que le lecteur s’installe. Pas toujours avec la même intensité…
Lire également le résumé: Blandine Le Callet. La ballade de Lila K.