Bourgois, septembre 2011
Deuxième sélection prix Fémina étranger.
Encore un livre sur un campus américain ? De belles et blondes étudiantes? Des professeurs sexy? Une mort mystérieuse ? Un rite initiatique ? Peut-on encore écrire sur un tel sujet et revisiter tous ces thèmes éculés ?
Oui, mille fois oui ! Laura Kasischke signe un triller littéraire formidable, captivant, très très très bien construit, écrit avec grâce.
C’est à la fois calme et macabre, envoûtant et horrifiant. La prose, poétique et sombre, s’attarde sur le quotidien, rythmé par les éléments (neige, clair de lune, brouillard) pour faire ressortir avec subtilité l’aspect morbide de la dégénérescence des jeunes étudiants, lisses en apparence mais drogués, pervertis au sein d'une institution dévoyée. C’est un livre noir, blanc, clair-obscur.
Le centre de la toile est un accident : la passagère, Nicole, est tuée. Le conducteur, Craig, en ressort vivant mais sans souvenir. «Deux marbres. Parfaits. Lavés par la pluie. Classiques.»
Cette scène lugubre et belle, sous un clair de lune, revient marteler de manière obsédante la progression du récit. La romancière tisse l’histoire de part et d’autre de cet événement tragique. Il fait les gros titres de la presse, mobilise les étudiants mais personne n’écoute ce que relate la prof de musique arrivée la première sur les lieux du drame. Les incohérences commencent.
Puis, un autre étudiant, Perry, révèle avoir croisé Nicole sur le campus.
Pour enquêter, il obtient l’aide d’un jeune professeur d’anthropologie, Mira, spécialisée dans la mort et les rites funéraires.
Nicole, la belle, la douée, l’adorable Nicole, qui ne voulait pas de sexe avant le mariage, qui était obsédée par son entrée chez les Omega-Theta-Tau, une prestigieuse sororité de « sœurs » à laquelle elle sacrifiait tout, était-elle si parfaite, Nicole est-elle morte ou vivante ou est-elle un revenant ?
C’est le huitième livre de cette romancière très talentueuse, (La Vie devant ses yeux, La Couronne verte, Dans un monde parfait, Rêves de garçons, Suspicious River, A moi pour toujours, Un oiseau blanc dans le blizzard.) née en 1961, professeur à l’université du Michigan.
Comme cette année, je suis curieuse des sélections des prix littéraires, j’ai trouvé le titre de ce livre parmi la première sélection du prix Fémina. J’ai lu quelques critiques sur le net, rares mais excellentes. Je l’ai cherché dans ma librairie habituelle, 3 des libraires l’avaient gratifié d’un . Je leur ai fait confiance et ne le regrette pas une seconde !
(En comparaison, trônait à côté, le livre d’un autre Américain, Jonathan Franzen, Freedom, que je n’ai pas aimé et qui était totalement vierge de tout !)
Alors, rien que pour ce livre, merci les jurys de prix littéraires pour cette sélection et merci les libraires !