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7 février 2012 2 07 /02 /février /2012 20:00

Schneider ombreGrasset, Août 2011

Prix des lecteurs des Ecrivains du Sud 2012. Sélection.

1ère sélection prix Fémina 2011

 

C'est l'histoire de deux frères au sein d'une famille nombreuse qui s'aiment, se détestent, s'admirent, se combattent. L'enfance, la guerre d'Algérie, une femme, la descente aux enfers, les mensonges, le suicide, la musique.

C'est un livre dur, sombre, désespéré, violent.

C'est un livre difficile à lire aussi par sa construction. L'auteur mêle deux récits en alternant les narrateurs et les temps.
     D'une part, à la troisième personne et au présent, il relate l'enfance de Michel et celle de son frère Bernard plus âgé de huit ans.
     D'autre part, à la première personne et au passé, le narrateur Michel Forger, suite à une lettre, a retrouvé le grand amour de son frère et tenté de recomposer sa guerre d'Algérie, suivie des années d'errance.


Mais au delà de tout cela, c'est un beau livre, bien écrit. Une autobiographie sensible, profonde, intense. Encore une belle sélection pour le prix des lecteurs des Ecrivains du sud.


Quelques phrases piochées au hasard de ma lecture:

 Elles sont percutantes comme un coup de poing!

Bernard rencontre L. en pleine guerre d'Algérie. L'amour lui tombe dessus, comme pour effacer les cris et le sang sous d'autres cris, s'oublier dans un autre corps.

L'enfer, ça doit ressembler à ça, pense Bernard, en patrouille de nuit dans les ruelles de la Casbah, entourée de barbelés et immobilisée par le couvre-feu.(     ) Il ne pose pas de questions.

Entre moi et Bernard, cet inconnu vêtu de noir qui me ressemblait comme un frère- c'est un vers de Musset que j'ai souvent cité dans mes cours-, la ressemblance le disputait à la dissemblance.

Je l'aimais comme on n'ose même pas aimer Dieu et comme je n'ai jamais aimé une femme, écrit le cadet.

Quand on pense à quelqu'un en écoutant de la musique les larmes aux yeux, ce n'est pas sur lui qu'on pleure, mais sur la musique, ou sur celui qu'on était quand il était encore là.

Les écrivains, c'est comme les sourds-muets: ils parlent et ça ne fait pas de bruit.

Il est plus long de se déprendre de ses souvenirs que des êtres qui les ont peuplés.

Quarante ans plus tard, ma bibliothèque s'est étendue comme une lèpre.

"A quoi ça sert les livres?" Ca sert à ne pas mourir. Ces murailles dressées entre soi et la vie des autres forment un camp retranché, et les étagères ressemblent aux remparts des cités anciennes. Ils empêchent la mort d'entrer.

 

Michel Schneider a animé une masterclass aux Ecrivains du sud, puis s'est désisté pour la suite des entretiens, trop bouleversé par cette expérience. 

 

Michel Schneider (1944 ) est énarque, haut fonctionnaire et psychanalyste. Il a été directeur de la musique et de la danse au ministère de la culture de 1988 à 1991. Il est notamment connu pour avoir écrit: Marilyn, dernières séances (Marilyn Monroe), prix Interallié 2006, et Morts imaginaires, prix Médicis de l'essai 2003, les deux chez Grasset.


lire une interview de Michel Scheider

lire les premières pages 

lire la fiche Wikipédia

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30 janvier 2012 1 30 /01 /janvier /2012 21:43

Martinez domaine murmures Gallimard

 Coup de coeur

Lauréate prix Goncourt des lycéens 2011

Lauréate prix du roman historique de Levallois 2011

3ème sélection prix Goncourt 2011.

2ème sélection prix Médicis 2011

1ère sélection prix Renaudot 2011

Lauréate prix des lecteurs du centre des Ecrivains du sud 2012

 

 

Un conte, un merveilleux conte du Moyen -âge. L'imagination poétique de Carole Martinez nous emporte dans un rêve mystique et sensuel, violent et romantique. 

Une histoire, un souffle, un talent! 


L'héroïne est forcément jeune et belle et s'appelle Esclarmonde.

Je suis Esclarmonde, la sacrifiée, la colombe, la chair offerte à Dieu, sa part. J'étais belle, tu n'imagines pas, aussi belle qu'une fille peut l'être à quinze ans, si belle et si fine que mon père, ne se lassant pas de me contempler, ne parvenait pas à se décider à me céder à un autre. j'avais hérité de ma mère une lumière sur la peau qui n'était pas commune. Derrière mon visage d'albâtre et mes yeux trop clairs, une flamme semblait vaciller, insaisissable.

 

Dans tout conte, il y a un prince charmant. Celui-ci, Lothaire, n'est ni prince ni charmant!.

Restait Lothaire, gorgé de rage et d'ambition. Sa fougue et son habileté aux tournois lui avaient si bien permis de se distinguer que, de l'avis de tous, même de mon père, son bon sang viril méritait de se perpétuer. Cette union était donc une aubaine. Une fois marié, il deviendrait seigneur à son tour: sa femme, aussi frêle, docile et muette fut-elle, lui conférerait une nécéssaire épaisseur, celle des bâtisseurs de lignées. Il restait des places à prendre dans ce comté de Bourgogne. Ma matrice le projetterait dans l'avenir, il labourerait ma chair comme il faut pour que sa gloire put s'y enraciner, pour que sa descendance fut forêt, beaux garçons qui, prenant sa suite, porteraient son nom, abriteraient son sang, sa mémoire, sa gloire pour les siècles des siècles, sans compter la dot et l'alliance attachées à celle qu'on lui donnait jusqu'à ce que la mort s'ensuive.


Mais Esclarmonde refuse sa condition et, le jour de son mariage, se consacre à Dieu, d'une manière violente et spectaculaire.

Comment échapper à cette destinée sinon avec l'aide du Christ? (     ) Béguines, mystiques, recluses volontaires parvenaient parfois à mener leur entourage et gagnaient une liberté autrement inconcevable. Une autonomie à laquelle presque aucune autre femme de ma caste ne pouvait prétendre.
Mais à quel prix?

 

Elle croit trouver la paix en s'emmurant dans une cellule collée à la chapelle du château, mais la vie ne s'arrête pas aux barreaux. Elle connaîtra le pouvoir, l'amour, l'enfantement, les visions, la croisade, la violence. 


Le précédent livre,  Le coeur cousu (  Coup de coeur, 9 prix littéraires) était tout aussi envoûtant, plus fantastique. Carole Martinez se renouvelle complètement avec son second roman et pour notre plus grand plaisir. Et si défauts il y a , je ne veux pas les voir! A quand le troisième?

 

lire les premières pages

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25 janvier 2012 3 25 /01 /janvier /2012 22:00

Cossé Amandes amèresGallimard, Juin 2011

2ème sélection grand prix Académie française 2011

3ème sélection prix Interalié 2011

 

J'attendais avec une grande impatience de lire ce livre: un livre qui relate la rencontre de deux femmes de cultures différentes et de l'écrit.


Edith, traductrice, emploie Fadila, femme de ménage marocaine. Elle réalise que celle-ci est analphabète et lui propose de lui apprendre à lire et à écrire. La tâche est ardue, la progression lente et on suit pas à pas l'apprentissage, les questionnements d'Edith, ses doutes, les progrès de Fadila, ses retours en arrière, le découragement parfois. Les deux femmes se découvrent, apprennent peu à peu l'une de l'autre.


Les leçons sont décrites par le menu et c'est tout à fait passionnant de chercher avec Edith à comprendre pourquoi Fadila ne sépare pas les mots, ne reconnaît pas les lettres, en oublie certaines, etc. 

 


Alors bien sûr, cela m'a replongée dans mes années d'alphabétisation. Mes Fadila ne s'appelaient pas Fadila, venaient du Maroc, d'Algérie, de Tunisie, d'Iran, d'Irak, du Sri-Lanka et je me souviens de chacune, et de leur joie à se retrouver toutes les semaines, des rires, beaucoup de rires, de la fierté de toutes lorsque l'une d'entre elles parvenait à faire un progrès, de leurs moqueries envers mes tics et mes tentatives de sérieux, des gâteaux offerts et partagés, des questionnements croisés sur les histoires personnelles, des étonnements devant les coutumes si différentes et pourtant si semblables, bref du groupe que nous formions, unies dans le but d'obtenir un peu, un tout petit peu, d'autonomie dans la vie quotidienne. J'ai toujours la montre qu'elles m'ont offerte lors de mon départ, en me disant qu'ainsi je penserai à elles plusieurs fois par jour!


Je me souviens aussi avoir dû créer mes cours et mes supports entièrement car les méthodes existantes étaient inadaptées, avoir tâtonné, m'être questionnée et documentée sur le fonctionnement des circuits cognitifs pour être plus efficace. Comme Edith. Mais avoir connu du découragement, ça jamais.


Pendant ma lecture, plus d'une fois, j'ai eu envie de donner un coup de main à Edith.  
Et également de la secouer: c'est une lourde responsabilité que de proposer à quelqu'un de l'aider à apprendre à lire et à écrire! Tu croyais quoi, Edith? Que ce serait plié en un an, à raison d'une à deux fois par semaine?


Pour finir, madame Cossé, vous ne voudriez pas changer votre fin? Elle ne me plaît pas du tout...



Pour lire les premières pages du livre


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22 janvier 2012 7 22 /01 /janvier /2012 19:10

Lançon. Les îlesJC Lattès. Août 2011

Sélection du prix des lecteurs des Ecrivains du Sud 2012.

1ière sélection  Prix Interallié 2011.

1ière sélection  Grand prix de l'Académie française 2011.

 

Extrait:

J'ai laissé le livre acheté dans l'avion, comme je le faisais souvent. Quelqu'un le trouverait, le jetterait peut-être. C'était un livre parfait pour un voyage de retour: il avait la mélancolie d'un voyageur qui rentre. De toute façon, jamais je n'aurais pu le lire à l'aller: les romans que j'ouvrais en partant vers des lieux inconnus tournaient vite au calvaire, surtout s'ils étaient bons. Je les lisais comme si la vie, les sentiments, les sensations, le voyage, tout dépendait désormais d'eux. Ils fixaient l'emploi du ton. Ce ton était trop violent, trop dense pour être supportable. Les livres m'écorchaient vif, ils me jetaient dessus comme un sel de tristesse. J'étais enfermé avec eux dans un avion qui m'amenait nulle part, nous n'en sortirions pas vivants ensemble: c'étaient eux ou moi.

 

Une rencontre, deux infidélités, un abandon! Voilà ma rencontre avec Les îles.
Je les ai abordées, avec plaisir, avec une promesse de voyage entre Hong-Kong et Cuba!
Je les ai quittées vers la page trente pour une autre île, Sukkwan Island, j'y suis revenue, je les ai délaissées derechef vers la page cinquante pour une virée dans Banquises
J'y suis revenue, encore, et j'ai décidé de les abandonner page 96, après quatre pages sur les chiens d'Ali.


Extrait:

Sarah avait deux qualités remarquables: une gourmandise effrénée- elle mangeait n'importe quoi et à toute heure- et une espièglerie, presque une ironie, que trahissait une grimace de son visage, un sourire, que je n'ai jamais vu chez aucun autre chien. Elle était capable, par un seul regard, de rendre un homme ridicule- ou, ce qui revient au même, de lui faire croire qu'il l'était.

 

Je le regrette, la rencontre était séduisante, l'écriture agréable, les phrases, belles, à savourer, les personnages intéressants, les îles lointaines.
Mais non, c'est l'exemple même d'une rencontre ratée !

 

 

Philippe Lançon est journaliste littéraire à Libération. il a reçu en 2011 le prix Hennessy du journalisme littéraire, à l'unanimité du jury pour l'extraordinaire qualité de ses articles. Il a signé sous le pseudonyme de Gabriel Lindero: Je ne sais pas écrire et Je suis un innocent. Pour en savoir plus sur Philippe Lançon: link.

 


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8 janvier 2012 7 08 /01 /janvier /2012 22:35

goby banquises Août 2011, Albin Michel.

Sélection du prix des lecteurs des Ecrivains du Sud 2012.

1ière sélection Grand prix de l'Académie française 2011


Décidément, comme l'an dernier, la sélection des Ecrivains du Sud est de grande qualité et très variée. Et ce roman est une merveilleuse surprise! Je n'avais aucune idée de ce que j'allais découvrir en l'ouvrant. J'ai tout aimé: l'histoire, le rythme, le style.

En dépit de son sujet, ce n'est pas un livre triste, c'est un livre triste et drôle, sensible, vif, intelligent, contemplatif, actuel, informatif. J'arrête là, c'est un livre à dévorer!

 

 Une jeune fille, Sarah, part en voyage au Groenland en vacances, et n'en revient jamais. Elle a disparu. Commence pour sa famille une longue attente avec l'espoir du retour. L'attente...
(Curieusement, personne ne va au Groenland, pour tenter de la retrouver ou de comprendre ce qui s'est passé et c'est là une incongruité du récit.)
Tant d'efforts pour se libérer de ton absence , Sarah. Pour contourner le trou de toi. Tu avais disparu c'est Lisa qui s'est effacée, peu à peu reléguée aux marges de ton vide dévorant: on n'avait vu que toi, on n'a plus vu que lui. Regarde ton père, ta mère, les yeux braqués sur la béance. Et Lisa sur le bord, toutes ces années, vacillante dans l'espace accordé, le bord exigu de l'abîme.


27 ans plus tard, sa jeune soeur, Lisa, devenue adulte, mariée, mère de famille, décide de partir à son tour au Groenland, sur les traces de sa soeur et de refaire son parcours.
(Curieusement, elle ne cherche pas sa soeur, l'affaire est trop lointaine, elle cherche à s'imprégner de l'ambiance.)
Maison du Groenland. Elle hésite. Traverse. Regarde les photos dans la vitrine. Champs gras versant dans la mer. Gueules de caribous aux bois couverts de neige. Icebergs marbrés de veines bleu ciel, turquoise, marine, basalte, évoquant des strates de marnes, calcaire, gypses, des coupes de roches sédimentaires - elle se souvient que cet empilement raconte une histoire. Des glaçons bosselés de la transparence d'un bonbon. Des amas de cristaux compacts comme du sorbet.


Le livre est rythmé par l'histoire de tous les membres de cette famille, parsemé de rencontres, éclairé par la découverte de ce fascinant pays si différent, fragilisé par la fonte de la banquise.
Elle demande s'il est glaciologue, il l'est, et vous? Ecrivain. Tous les deux ils relatent des histoires, il dit: lui de vraies, et elle? Des romans.

 

Le style est original. Valentine Goby n'hésite pas à bousculer l'ordre des mots, à ne pas faire de phrases complètes, et le résultat est très agréable. Cela donne de la force et de l'énergie au texte. Rien à voir avec du français parlé, non, mais une langue très contemporaine. Par ailleurs, le rythme est très intelligemment différent suivant les diverses parties du texte, comme un film pourrait alterner des scènes pour maintenir l'intérêt. Je pense que c'est avant tout ce style qui a emporté mon enthousiasme.


 
 

 

Lauréate de la fondation Hachette, Valentine Goby a reçu divers prix pour ses précédents romans (Qui touche à mon corps je le tue et Des corps en silence), dont le Prix du premier roman de l'université d'Artois, le Prix Palissy et le Prix René Fallet. Auteure de 7 romans et de livres pour la jeunesse.

 

Voici un lien pour lire Les 30 premières pages du roman. Impossible que cela ne vous donne pas envie de le finir!


 

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8 décembre 2011 4 08 /12 /décembre /2011 08:35

Giono Logo NB petit 2-1 Centre des Ecrivains du Sud-Jean Giono


Benjamin Berton, La chambre à remonter le temps, (Gallimard)

Valentine Goby. Banquises  (Albin Michel)

 Thierry Laget, la Lanterne d'Aristote (Gallimard)

Philippe Lançon. Les îles (J.C. Lattès)

Carole Martinez. Du domaine des murmures  (Gallimard)

Michel Schneider. Comme une ombre (Grasset)

Dominique Sigaud, Franz Stangl et moi (Stock)

Morgan Sportès. Tout, tout de suite. (Fayard)

Delphine de Vigan. Rien ne s'oppose à la nuit. (J.C.Lattès)

Stanislas Wails, La maison Matchaiev (Serge Safran)

 

Le jury votera le 10 mars 2012, et le prix sera remis le 31 mars 2012, lors des journées des Ecrivains du Sud, à l'hôtel Maynier d'Oppède, à Aix en Provence.

 


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24 novembre 2011 4 24 /11 /novembre /2011 12:00

Pas dinquietudeStock, Août 2011

Deuxième sélection prix Fémina 2011.

Deuxième sélection prix Médicis 2011

Finaliste prix roman France télévisions 2011

 

Un roman intimiste. L'histoire d'une famille sans histoire qui quitte enfin un appartement exigu pour une maison dans un lotissement, avec un jardin et qui garde tous les travaux de finition, pour plus tard, par souci d'économie. Le rêve. Recevoir enfin les amis autour d'un barbecue...
Mais c'est la maladie qui s'invite. Et les travaux attendront.
Ce fut la première soirée pas comme les autres. Un convive sans nom s'était invité à notre table, disons que la maladie devint le nouveau membre de notre famille.


Mehdi, le plus jeune des deux enfants souffre d'un cancer. Et c'est toute la vie de la famille qui est bouleversée .
Plus je remâchais ce "pas d'inquiétude", plus ma gorge se serrait. "Pas d'inquiétude" n'est pas compatible avec "sans tarder", le médecin se contredisait, et en même temps je me rassurais, non, rien de plus normal, il voulait juste qu'un spécialiste prenne le relais, son sérieux était réconfortant, il valait mieux envisager les choses à temps. Contrairement à ce qu'on pourrait croire, nous avons peu parlé ce soir-là, ma femme et moi.


Le narrateur est le père et c'est ce qui est inattendu; on entend plus souvent la souffrance d'une mère dans ces circonstances et son souci du bien-être de son enfant. Ici, non, c'est l'abattement de l'homme qui est exprimé.
Mon statut changeait.


Il raconte l'urgence, le quotidien à organiser. Sa femme vient d'obtenir un CDD, elle espère enfin être embauchée en CDI, elle ne peut pas s'absenter, c'est donc lui qui prend un long congé pour s'occuper de leur fils. Puis des RTT. Une vie domestique lente, étrange s'installe. Il raconte les jeux de son fils qu'il ne comprend pas, leur tête à tête silencieux, mais pas sa maladie dont on ne sait rien si ce n'est la gravité.
Je ne savais quoi lui transmettre, quoi lui montrer puisque toute activité physique nous était interdite, aucun jeu de ballon, ni même de badminton qu'on aurait pu pratiquer sur notre terrain.


Il parle de son anxiété, de sa maladresse, de son incapacité à occuper son temps libre. Sans travail, sans relations sociales, sans horaires, avec le sentiment de ne jamais être à la hauteur, l'inquiétude latente, il erre sans repères.
Ma place était à l'imprimerie avec Manu et José mais depuis des mois j'étais un imprimeur qui n'imprime pas, une race étrange un peu suspecte, comme un homme sans patrie, un chasseur sans gibier, un errant illégitime, rêveur ou usurpateur, qui ne sait plus très bien qui il est.


Les relations du couple souffrent, leurs préoccupations quotidiennes sont très différentes, ils n'ont plus en commun que la culpabilité, la peur face à la maladie, sa progression, les avis des médecins qu'ils peinent à comprendre. D'ailleurs, il ne nomme jamais sa femme, se contente de dire "ma femme".
Le moindre faux pas déclenchait des malentendus ou parfois même des fureurs passagères. 

Après avoir repris un temps le travail avec soulagement, il se retrouve désemparé face à la générosité de ses collègues qui lui offrent leurs RTT afin qu'il puisse continuer à s'occuper de Mehdi.(Ce fait réel a inspiré le roman). Il leur est redevable, sa dette l'écrase et l'isole encore plus. 

Je savais que ce temps mis à ma disposition se devait d'être utile et dépensé à bon escient. C'était ce que je ressentais quand je divaguais dans la maison ou que je posais les quelques lés de papier peint qui manquaient encore dans le couloir et sur un des murs du salon, je pensais à ce temps que les gars sacrifiaient pour moi et je m'en voulais de ne pas être à la hauteur, le plus souvent désoeuvré, à boire de plus en plus de bières quand ma femme était absente. Je ne pouvais gaspiller tous ces jours à simplement être là, disponible pour Mehdi, cela me semblait insuffisant, comme si j'avais à rendre des comptes.


Brigitte Giraud décrit sans pathos, ni sensiblerie, avec un style sobre, les bouleversements qu'engendre la maladie, les perturbations familiales, les sentiments d'irréalité, d'isolement, d'abattement, d'angoisse.
Un écheveau d'états contradictoires.


Un très beau texte, sur un sujet complexe.


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16 novembre 2011 3 16 /11 /novembre /2011 20:00

Sélection

Sélections

Lauréat

1

2

3

 

Sugar Puffs, François Cérésa (Fayard)

 

 

 

Retour à Killybegs, Sorj Chalandon (Grasset)

     3ième sélection prix Goncourt, lauréat du Grand prix du roman de l'Académie Française

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Les amandes amères, Laurence Cossé (Gallimard)

     2ième sélection Grand prix du roman de l'Académie Française

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Les autos tamponneuses, Stéphane Hoffmann (Albin Michel)

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L’art français de la guerre, Alexis Jenni (Gallimard)

     Lauréat prix Goncourt, 3ième sélection prix Renaudot, Fémina, 2ième sélection prix Médicis

 

 

 

Les îles, Philippe Lançon. (Lattès)

     1ière sélection Grand prix du roman de l'Académie Française

 

 

 

Jayne Mansfield, Simon Libérati (Grasset)

     Lauréat prix Fémina, 2ième sélection prix                    Renaudot, 1ière sélection prix Goncourt

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Tout de suite, Morgan Sportès.  (Fayard)

     2ième sélection prix Goncourt, 3ième sélection prix                Renaudot


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Morgan Sportès remporte le prix pour Tout, tout de suite (Fayard) par 6 voix sur 11, au troisième tour, alors qu'il avait été retiré de la deuxième sélection , contre 3 à Stéphane Hoffmann, et 2 à Delphine De Vigan, également hors sélection.

Je peux me tromper, mais je suppose que les jurés font des sélections alors qu'ils n'ont pas lu tous les livres. Et que tous ne lisent pas tous les livres. Cela expliquerait ces bizarres retournements!  Leur fonctionnement est vraiment étrange.


On ne peut pas dire que le livre de Sportés soit un "bon" livre. Compte-tenu de son sujet , le terme est peu approprié. Il est bien au-delà. C'est un livre très marquant, un livre témoignage, que je recommande fortement.  Morgan Sportès. Tout, tout de suite.


Ainsi que L'appât (paru au Seuil en 1990), écrit et réalisé par Bertrand Tavernier, Ours d'or à Berlin 1995, ce roman sera adapté au cinéma. Selon les informations du Film Français, Richard Berry et le producteur Alain Goldman en ont acquis les droits. Sportès co-écrira le scénario avec le réalisateur.
Par ailleurs, toujours selon le Film Français,  d’autres cinéastes s’intéressent au sujet. Thomas Langmann, (avec un scénario original sur les 73 personnes auditionnées lors du procès), Alexandre Arcady (qui a acquis les droits de 24 jours, la vérité sur la mort d'Ilan Halimi, témoignage de la mère de la victime coécrit avec Emilie Frèche et édité par Le Seuil en 2009) et Roschdy Zem.



Le prix Interallié est un prix littéraire, créé en 1930 par une trentaine de journalistes qui déjeunaient au Cercle Interallié à Paris en attendant les délibérations des dames du Fémina. Ils ont alors décidé de décerner leur propre récompense. Son nom vient du lieu même où il a vu jour: le Cercle Interallié. Mais c'est la seule fois où l'Interallié fut remis à cet endroit, depuis il a voyagé de bars en brasseries, pour se stabiliser depuis 40 ans chez Lassere.

Le jury est composé de dix journalistes masculins, auxquels se joint le lauréat de l’année précédente. Le Prix est remis au début du mois de novembre. Il récompense un roman écrit par un journaliste. 



Quelques irrévérencieux ont surnommé ce prix littéraire le prix Intergrasset. Cela peut s’expliquer par la forte proportion des « auteurs Grasset » parmi les lauréats (27 sur 70) mais encore par une représentation non négligeable des « auteurs Grasset » au sein même du jury et par la moyenne annuelle, dans la présélection publiée par le jury du prix Interallié, de deux ouvrages publiés chez cet éditeur. Honnies soient les mauvaises langues!



Prix Goncourt 2011, Lauréat et sélections

Prix Renaudot 2011, Lauréat et sélections

Grand prix de l'Académie française 2011, sélections et lauréat

Prix Médicis 2011, Lauréat et sélections

Prix Fémina 2011, Lauréat et sélections

Prix Goncourt des lycéens 2011, Lauréat et sélections

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7 novembre 2011 1 07 /11 /novembre /2011 21:00

La sélection du Goncourt des lycéens est identique à celle du prix Goncourt.
Les lycéens participants lisent les livres! C'est un beau prix de lecteurs!
La sélection finale reflète le goût de lecteurs, hors influence des critiques ou des éditeurs.

Le lauréat succède à Mathias Enard, Goncourt des lycéens 2010 pour son roman Mathias Enard, Parle-leur de batailles, de rois et d'éléphants, (Actes sud), vendu à 170 000 exemplaires selon son éditeur.

 

Sélection                                               Sélection  

Lauréat

1

finale  

 

Rom@, Stéphane Audeguy (Gallimard)

     1ère sélection prix Académie française

 

 

Limonov, Emmanuel Carrère.(POL)

     Lauréat prix Renaudot, 1ière sélection prix Académie française

 

 

Retour à Killybegs, Sorj Chalandon (Grasset)


     Lauréat Grand prix Académie française, 3ième sélection prix Goncourt, 2ième sélection prix Interallié

ü

 

Dans un avion pour Caracas, Charles Dantzig (Grasset)

     2ième sélection prix Médicis, 1ière sélection prix Académie française

 

 

Les souvenirs, David FoenKinos.(Gallimard)

     2ième sélection prix Goncourt, 1ière sélection prix Fémina

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L’art français de la guerre, Alexis Jenni (Gallimard)


     Lauréat prix Goncourt, 2ième sélection Prix Renaudot, Fémina, Médicis

 

 

Jayne Mansfield1967, Simon Liberati (Grasset)

     3ième sélection prix Fémina, 2ième sélection prix Interallié et Renaudot

 

 

Un sujet français, Ali Magoudi (Albin Michel)


 

Du domaine des Murmures, Carole Martinez (Gallimard)


     3ième sélection prix Goncourt, 2ième sélection Prix Médicis, 1ière sélection prix Renaudot

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ü 

Des vies d’oiseaux, Véronique Ovaldé (Ed de l’Olivier)

     1ière sélection prix Fémina

 

 

Le système Victoria, Eric Reinhardt (Stock)

     3ième sélection prix Renaudot, 1ère sélection prix Académie française


 

Monsieur le Commandant, Romain Slocombe (Nil)

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Tout, tout de suite, Morgan Sportès.(Fayard)

     3ième sélection Prix Renaudot, 2ième sélection prix Goncourt et Interallié

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La belle amour humaine, Lyonel Trouillot (Actes Sud).

 

 

Rien ne s'oppose à la nuit, Delphine de Vigan.(Lattès)

     Lauréate du prix du roman FNAC et prix roman de France télévisions, 2ième sélection Prix Fémina et Goncourt, 1ière sélection prix Renaudot et Médicis

ü

 

 

Carole Martinez, Du domaine des murmures,  est la lauréate avec 7 voix contre 6 à Sorj Chalandon, Retour à Killisberg.  

« Les lycéens ont été séduits par l'écriture poétique du livre de Carole Martinez qui offre une autre vision du monde. » 

Je n'ai pas encore lu ce roman, ce qui ne saurait tarder, mais j'ai lu son premier, magnifique, extraordinaire premier roman:  Le coeur cousu.

 

Prix Goncourt 2011, Lauréat et sélections

Prix Renaudot 2011, Lauréat et sélections

Prix Médicis 2011, Lauréat et sélections

Prix Fémina 2011, Lauréat et sélections

Grand prix de l'Académie française 2011, sélections et lauréat

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7 novembre 2011 1 07 /11 /novembre /2011 20:12

 

Sélections

Lauréat

 

                         1

2

3

 

 Romans français

 

Un certain mois d’avril à Adana, Daniel Arsand (Flammarion)

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Des garçons d’avenir, Nathalie Bauer (Philippe Rey)


ü

ü

 

Kampuchéa, Patrick Deville (Seuil) 

     2ième sélection prix Médicis, 1ière sélection prix Renaudot

ü

 

 

Nestor rend les armes, Clara Dupont-Monod (Sabine Weispieser)

 

 

 

Cheyenn, François Emmanuel (Seuil) 

ü

 

 

Un amour de frère, Colette Fellous (Gallimard)

     1ière sélection prix Renaudot


ü

ü

 

Les souvenirs, David FoenKinos.(Gallimard) 

     2ième sélection Prix Goncourt

 

 

 

Pas d'inquiétude, Brigitte Giraud.(Stock) 

     2ième sélection Prix Médicis

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L’art français de la guerre, Alexis Jenni (Gallimard)


     Lauréat Prix Goncourt,  3ième sélection prix Renaudot et Fémina, 2ième sélection prix Médicis, 1ière sélection prix Interallié

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Jayne Mansfield 1967, Simon Liberati (Grasset)


     2ième sélection prix Renaudot, 1ière sélection Prix Goncourt, 3ième sélection prix Interallié

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So long, Luise, Céline Minard (Denoël) 

 

 

 

Des vies d’oiseaux, Véronique Ovaldé (L’Olivier)

     1ière sélection prix Goncourt

 

 

 

Comme une ombre, Michel Schneider (Grasset)



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Les Débutants, Anne Serre (Mercure de France)

 

 

 

 (JC Lattès)

     2ième sélection Prix Goncourt, 1ière sélection Prix Renaudot et Médicis

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Romans étrangers:



 

La répétition, Eleanor Catton (Denoël) 

     1ière sélection Prix Médicis étranger

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Sanctuaire du cœur, Duong Thu Huong (Sabine Wespieser)


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Freedom, Jonathan Franzen (L’Olivier) 

     1ière sélection Prix Médicis étranger

 

 

 

Dire son nom, Francisco Goldman (Bourgois)
 

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Quatre jours en mars, Jean-Christian Grondahl (Gallimard)

     2ième sélection Prix Médicis étranger

 

 

 

Une femme fuyant l’annonce, David Grossman (Seuil)


     Lauréat Prix Médicis étranger

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Un été sans les hommes, Siri Hustvedt (Actes Sud)

 

 

 

Les revenants, Laura Kasischke. (Bourgois) 

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Pas de 1ière sélection

Don Juan de la manche ou l’éducation

au désir, Robert Ménasse (Verdier)     ü

 

 

 

Muse, Joseph O’Connor (Phébus)


     1ière sélection prix Médicis

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Persécution, Alessandro Piperno (Liana Levi) 

     2ième sélection Prix Médicis

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A travers tous les miroirs, Ursula Priess (Zoé) 

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La tristesse des anges, Jon Kalman Stefansson (Gallimard)

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Essais:



 

Histoire de la coquetterie masculine, Jean-Claude Bologne (Perrin)

 

 

 

Frida Kahlo : la beauté terrible, Gérard de Cortanze (Albin Michel)

 

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Emportée : récit, Paule Du Bouchet (Actes Sud)


 

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Et si l’amour durait, Alain Finkielkraut (Stock) 

 

 

 

Une histoire des romans d’amour, Pierre Lepape (Seuil)

 

 

 

O solitude : roman, Catherine Millot (Gallimard)

 

 

 

L’homme qui se prenait pour Napoléon : pour une histoire politique de la folie, Laure Murat (Gallimard)


 

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Enfance obscure, Pierre Péju (Gallimard)
 

 

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Lacan, envers et contre tous, Elisabeth Roudinesco (Seuil)

 

 

 

Dans les forêts de Sibérie, Sylvain Tesson (Gallimard)

     Lauréat prix Médicis étranger

 

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 Le prix Femina a été attibué dès le premier tour à Simon Liberati, Jayne Mansfield 1967 (Grasset), par 9 voix contre 3 à Colette Fellous (Un amour de frère, Gallimard).

Le prix Fémina étranger a été également décerné au premier tour à  l'Américain Francisco Goldman pour Dire son nom(Bourgois) par 7 voix contre 5 à Alessandro Piperno (Persécution, Liana Levi).

Laure Murat reçoit le Femina essai pour L'homme qui se prenait pour Napoléon : pour une histoire politique de la folie (Gallimard) par 7 voix contre 5 à Gérard de Cortanze (Frida Kahlo : la beauté terrible, Albin Michel).

Le prix Femina est un prix littéraire, créé en 1904 par 22 collaboratrices du magazine La Vie heureuse (aujourd'hui : Femina). Il aurait été créé afin de contrecarrer la règle tacite du Goncourt qui interdirait l'obtention du prix à des femmes!!!!!!! Mais le prix Fémina peut tout de même être attribué à un homme!
Les prix (+ le Fémina étranger et le Fémina de l'essai)sont attribués chaque année par un jury exclusivement féminin (composé de 12 personnes) le 1er mercredi de novembre à l'hôtel de Crillon, Paris.

 

Prix Goncourt 2011, Lauréat et sélections

Prix Renaudot 2011, Lauréat et sélections

Prix Médicis 2011, Lauréat et sélections

Grand prix de l'Académie française 2011, sélections et lauréat

Prix Goncourt des lycéens 2011, Lauréat et sélections

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  • Pichenette
  • Professeur de français langue étrangère.
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Jurée du prix des lecteurs des Ecrivains du Sud.
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