Grasset, Août 2011
Prix des lecteurs des Ecrivains du Sud 2012. Sélection.
1ère sélection prix Fémina 2011
C'est l'histoire de deux frères au sein d'une famille nombreuse qui s'aiment, se détestent, s'admirent, se combattent. L'enfance, la guerre d'Algérie, une femme, la descente aux enfers, les mensonges, le suicide, la musique.
C'est un livre dur, sombre, désespéré, violent.
C'est un livre difficile à lire aussi par sa construction. L'auteur mêle deux récits en alternant les narrateurs et les temps.
D'une part, à la troisième personne et au présent, il relate l'enfance de Michel et celle de son frère Bernard plus âgé de huit ans.
D'autre part, à la première personne et au passé, le narrateur Michel Forger, suite à une lettre, a retrouvé le grand amour de son frère et tenté de recomposer sa guerre d'Algérie, suivie des années d'errance.
Mais au delà de tout cela, c'est un beau livre, bien écrit. Une autobiographie sensible, profonde, intense. Encore une belle sélection pour le prix des lecteurs des Ecrivains du sud.
Quelques phrases piochées au hasard de ma lecture:
Elles sont percutantes comme un coup de poing!
Bernard rencontre L. en pleine guerre d'Algérie. L'amour lui tombe dessus, comme pour effacer les cris et le sang sous d'autres cris, s'oublier dans un autre corps.
L'enfer, ça doit ressembler à ça, pense Bernard, en patrouille de nuit dans les ruelles de la Casbah, entourée de barbelés et immobilisée par le couvre-feu.( ) Il ne pose pas de questions.
Entre moi et Bernard, cet inconnu vêtu de noir qui me ressemblait comme un frère- c'est un vers de Musset que j'ai souvent cité dans mes cours-, la ressemblance le disputait à la dissemblance.
Je l'aimais comme on n'ose même pas aimer Dieu et comme je n'ai jamais aimé une femme, écrit le cadet.
Quand on pense à quelqu'un en écoutant de la musique les larmes aux yeux, ce n'est pas sur lui qu'on pleure, mais sur la musique, ou sur celui qu'on était quand il était encore là.
Les écrivains, c'est comme les sourds-muets: ils parlent et ça ne fait pas de bruit.
Il est plus long de se déprendre de ses souvenirs que des êtres qui les ont peuplés.
Quarante ans plus tard, ma bibliothèque s'est étendue comme une lèpre.
"A quoi ça sert les livres?" Ca sert à ne pas mourir. Ces murailles dressées entre soi et la vie des autres forment un camp retranché, et les étagères ressemblent aux remparts des cités anciennes. Ils empêchent la mort d'entrer.
Michel Schneider a animé une masterclass aux Ecrivains du sud, puis s'est désisté pour la suite des entretiens, trop bouleversé par cette expérience.
Michel Schneider (1944 ) est énarque, haut fonctionnaire et psychanalyste. Il a été directeur de la musique et de la danse au ministère de la culture de 1988 à 1991. Il est notamment connu pour avoir écrit: Marilyn, dernières séances (Marilyn Monroe), prix Interallié 2006, et Morts imaginaires, prix Médicis de l'essai 2003, les deux chez Grasset.
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